Le Blogue de Maurice Roussel

Parlure et traditions de nos ancêtres bretons

Mis en ligne le 16 août 2023

Nos ancêtres bretons pratiquaient certains rites liés à leur maison et plusieurs de ces rites se sont transportés en Amérique avec les premiers colons de la Nouvelle-France.

Par exemple, lorsque les maçons mettaient fin à la construction d’une habitation, ils posaient un bouquet en haut de la cheminée. Pour se protéger de la foudre, ils plantaient un plant de joubarbe sur le chaume du toit. La porte d’entrée et plusieurs pièces du mobilier étaient décorées par des motifs religieux tels que des croix et des calices qu’on y incrustait. La table était sacralisée de cette façon et lorsque le prêtre venait porter le Saint Viatique à un malade, il le posait sur ce meuble. Il était donc défendu de s’asseoir ou de s’appuyer sur un meuble sacralisé.

Avant d’entamer le pain, le père traçait une croix dessus avec un couteau. Cette coutume du pain béni était encore courante dans de nombreuses familles campagnardes du Québec, jusqu’au milieu du XXe siècle. De même, quand le paysan breton coupait un morceau de pain sur lequel il posait un morceau de viande qu’il mangeait avec son couteau, il répétait une vieille coutume du Moyen Âge où le pain servait d’assiette. Cette coutume fut amenée en Nouvelle-France. Qui ne se souvient pas avoir vu son aïeul mettre sa nourriture sur son pain avant de la manger?

Une autre coutume qui s’est maintenue est l’usage du Maître de maison de verser dans son verre le début d’une bouteille de vin après l’avoir débouchée.

Quelle langue parlait-on en pays d’Évran au XVIIIe siècle ? Certes nos ancêtres parlaient le français. Un français régionalisé par le patois gallo des gens du pays. J’emprunterai de mon cousin Louis ROSE de Lanvallay, ces extraits de son ouvrage intitulé «Les Rouaigniaux du Bas des Landes», qui représentent bien la parlure que nos ancêtres nous ont apportée et que nous avons perpétuée au Québec malgré la forte influence anglophone.

Accrère : Croire (Cf. aussi Crère) «Tu ne m’frâs tout comme pâs accrère qu’c’est vra !» 

Amouracher : Tomber amoureux. «Y s’tô tellement amourachés tous les deux, qu’ils tait grand temps d’aller vâ Monsieu l’Maire…»

Assire : Asseoir, s’asseoir.

Asteure : Maintenant, à cette heure. On disait plus rarement «Astour».

Babouines babines :  Les lèvres. Mot d’origine probablement argotique. «L’fricot est si bon, qu’tout le monde s’en lèche les babouines »

Balant : Équilibre. - «Ava du balant »

Bat’rie : Opération du battage des récoltes dans une ferme. Y participaient, à peu près vingt-cinq à trente personnes, chacune dans sa spécialité. C’était l’un des grands moments de l’année.

Ber : Berceau

Bérouette barouette : Brouette carénée en forme de boite.

Beu : Boeuf - «La côte dè beu, n’y a pâs meilleur pour faire dè la bonne soupe » 

Bougon : Grognon - «J’n’ai jamais vu pareil bougon».

Champlure : Sorte de gros robinet en bois placé à la mise en perce, sur le fond accessible du tonneau.

C’ti là : Celui-là.

Drette (à) : À droite - «Tasse-toé à drette pour passer.» 

Dévidoué : Dévidoir.

Engeance : Ensemble de gens méprisables, ne cherchant qu’à nuire. «Lé monde là, tout comme, quelle engeance» - «C’monde méchant là, c’t’une vré engeance! »

Filleu : Filleul. «Mon filleu, mon n’veu, le garr à ma seu ».

Grafigner : Égratigner, griffer.

Mal commode : Personne pas facile à vivre, toujours de mauvaise humeur. Également personne sévère, exigeante concernant ses intérêts.

Mornifle : Gifle. 

Naïe Neille : Noyer (se). «Si tu vas dans l’milieu d’la rivière, tu t’neilles»

Neu : Neuf. - «Un soulier neu.» 

Porter l’bon Dieu : Porter la communion aux mourants à leur domicile.

Profiter : Croître, grandir. Engraisser, pour le cochon.

Rabouter : Rallonger une corde en y nouant un autre bout de corde.

Rechigner : Répugner à faire quelque chose.

Ceusses : Ceux là. «Ceusses-là qui font cà, sont pas ben fins».

Veilloches : Tas de foin ou de paille, épars dans le champs et destinés à être ramassés ultérieurement.

Vouaïsiner voisiner : Fréquenter les voisins.

Zieuter : Regarder avec insistance.

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À propos de l'auteur

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Maurice Roussel est à l'origine de l'Association des Roussel d'Amérique qu'il incorpora en 1996 et administra bénévolement à titre de secrétaire-exécutif jusqu'en avril 2003 alors qu'il décidait de créer un Centre de documentation généalogique et historique sur le web.

Ce Centre de documentation qui contient la totalité des résultats de ses recherches sur les origines françaises des familles Roussel d'Amérique a été mis gratuitement à la disposition des Roussel du monde sur Internet de mai 2003 à mars 2022.

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