Au temps de nos ancêtres bretons, ceux-ci considéraient qu’un enfant naissant était inachevé. On croyait qu’en laissant ce corps mou se développer seul, l’enfant pourrait plus tard marcher à quatre pattes et finalement ressembler à une bête. C’est pourquoi les mamans pratiquaient tout un rituel de soins et de remodelage. Ainsi, des femmes spécialisées voyaient à donner aux bébés des formes idéales. On le plaçait dans des langes en position droite et on lui installait une bande sur le menton, qui servait à retenir les oreilles contre la tête. Puis on le liait avec des bandes de lin comme une momie. Parfois on installait trois épaisseurs de langes et on lui plaçait les bras le long du corps. Pour compléter le traitement, on plaçait l’enfant dans une sorte de hotte étroite, pour qu’il ne puisse bouger. Cet emmaillotement composait le costume de l’enfant jusqu’à l’âge de sept ou huit mois, alors qu’il passait à la robe que garçons et filles portaient jusqu’à six ou sept ans.
Les enfants de familles riches étaient généralement placés en nourrice. Cependant, les paysannes bretonnes allaitaient elles-mêmes leurs enfants. Plusieurs d’entre elles, devenant nourrices afin de bénéficier d’un revenu, durent partager leur lait maternel avec un bébé étranger. L’enfant breton était nourri au sein pendant dix-huit à vingt-quatre mois et progressivement, il recevait en plus des bouillies (mélange d’eau et de pain).
Chez nos ancêtres bretons, les maladies infantiles étaient courantes et causaient de nombreuses mortalités. À l’époque des Rouxel, la médecine était encore primitive. Les médecins soignaient à l’aide de saignées, de purgatifs et de vomitifs. La médecine infantile était pratiquement inexistante. Ce n’est que vers 1872 qu’on entend parler de pédiatrie pour la première fois. Souvent on faisait appel à des guérisseurs qui soignaient avec des sirops, tisanes, etc. Ces remèdes n’étaient pas toujours efficaces et certains traitements étaient même dangereux.
L’enfant grandira et, à moins de chances exceptionnelles, il ne recevra pas d’instruction s’il est issu d’une famille paysanne. Pratiquement, toutes les familles paysannes de l’époque étaient illettrées et analphabètes. Il n’existait d’ailleurs aucune structure scolaire. Quelques garçons pouvaient obtenir des leçons de latin des recteurs, pourvu qu’ils veuillent devenir prêtres. Mais pour les filles, c’était impossible. Aucune communauté religieuse n’était installée dans les régions rurales. Il ne faut donc pas se surprendre de ne pas voir les signatures de nos ancêtres Rouxel sur les actes d’état civil.
En 1763, le duc de Chalotais déclarait que «le bien de la société demande que les connaissances du peuple ne s’étendent pas plus loin que ses occupations». Il fut félicité par Voltaire sur ce point. Jean-Jacques Rousseau estimait pour sa part que «le pauvre n’a pas besoin d’éducation». Malgré ces déclarations choquantes venant des hauts lieux de la culture, les autorités de l’évêché de Saint-Malo exhortaient les curés et les paroissiens à établir des écoles ouvertes à tous, riches et pauvres. Cependant, les historiens n’ont trouvé aucune trace de telles écoles.
Quant aux enfants issus de la petite noblesse, ils avaient la chance de se faire instruire dans des collèges tenus par des congrégations dans des grandes localités. Devenus adultes, ils obtenaient toutes les charges honorables: notaires royaux, recteurs, trésoriers, etc. On comprend que les roturiers pouvaient difficilement établir leurs enfants. On leur apprenait donc des métiers: boulanger, fournier, tisserand, laboureur, tonnelier, charpentier etc. Plusieurs de ces hommes de métier émigrèrent en Nouvelle-France avec la promesse de jours meilleurs. Ce fut le cas pour Jacques Rouxel, le fils de Jan.
Maurice Roussel est à l'origine de l'Association des Roussel d'Amérique qu'il incorpora en 1996 et administra bénévolement à titre de secrétaire-exécutif jusqu'en avril 2003 alors qu'il décidait de créer un Centre de documentation généalogique et historique sur le web.
Ce Centre de documentation qui contient la totalité des résultats de ses recherches sur les origines françaises des familles Roussel d'Amérique a été mis gratuitement à la disposition des Roussel du monde sur Internet de mai 2003 à mars 2022.