Le Blogue de Maurice Roussel

Les belles traditions québecoises

Mis en ligne le 15 décembre 2022

Quand nos ancêtres vinrent s'établir en Nouvelle-France, ils apportèrent avec eux les coutumes et les traditions du vieux pays. Coutumes inspirées par un mode de vie profondément religieux et traditions le plus souvent développées dans des communautés composées de roturiers et de paysans. Sauf en ce qui concerne les officiers, intendants, gouverneurs et seigneurs, nos ancêtres étaient des gens de basse classe: colons, laboureurs, menuisiers, tonneliers, métayers, tailleurs, etc.

En Normandie, en Bretagne, au Perche, au Poitou, ils avaient grandi dans des familles entièrement soumises à l'autorité du Roi et de l'Église catholique. Ces coutumes et ces traditions eurent donc une continuation sur le sol de la Nouvelle-France et survécurent aux changements de régime après la guerre des plaines d'Abraham jusqu'au milieu des années 1950.


La bénédiction paternelle

"Préférant d'abord la tâche hardie
Nos pères toujours furent conquérants
Le premier venait de la Normandie
Commencer ici les gestes de Francs.
Son père au départ, lui laissa ce gage :
Pour que tes enfants soient bénis des cieux
Au premier de l'An garde notre usage
Tu les béniras comme les aïeux.
(extrait d'un poème de E. Laflèche)

La bénédiction paternelle, est donc arrivée en Nouvelle-France avec les premiers colons et s'est perpétuée jusqu'au milieu du vingtième siècle alors que son usage diminuait graduellement. L'époque des familles nombreuses tirait à sa fin et le rôle patriarcal et protecteur du père de famille se fondra dorénavant avec le rôle de gardienne du foyer de la femme.

Dans ma famille, le matin du jour de l'an les parents et les enfants se levaient vêtus de leurs habits du dimanche. Avant le déjeuner en famille, ma sœur aînée demandait à papa de nous bénir et tous les enfants s'agenouillaient et ma mère se tenait près de mon père. Ce dernier, alors dans une grande émotion, avec ses bras, faisait le signe de la croix en disant la formule : "Mes enfants, je vous bénis au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il".

Après la bénédiction, tous les membres de la famille s'embrassaient en s'échangeant des vœux pour la nouvelle année. La formule la plus populaire était: "Je te souhaite une bonne et heureuse année et le Paradis à la fin de tes jours.

Les sobriquets

Dans le bon vieux temps, les sobriquets étaient très courants.   Il s'agissait dans la plupart des cas de diminutifs précédés de l'adjectif Ti (petit).  Quand on parlait de Théophile, on disait Ti-phile, Edmond devenait Ti-mond.  mais il arrivait souvent que des surnoms étaient donnés par un parrain ou un aïeul.  Très souvent, l'aieul donnait des sobriquets à ses petits-enfants.  Pour lui, c'était une marque de tendresse.  Ces surnoms étaient variés: Beau blanc, Ti-Lou, Ti-frère, Ti-noir, etc mais il arrivait que certains des surnoms accolés à des enfants, étaient de mauvais goût: Bout-de-cul, chevreuil, le nègre, marteau, pitou, dada, etc... Dans plusieurs paroisses, il existe encore des gens, voire des notables, qui portent encore le surnom qui leur a été accollé lorsqu'ils étaient enfants.   Et même dans certains cas, personne ne connait leur véritable prénom.

Les jurons au Québec

Sacrer, c'est utiliser en vain le nom de Dieu ou des noms d'objets liturgiques. Jadis, dans les chantiers, les bûcherons étaient plus portés à sacrer et quand ils revenaient dans les paroisses, au printemps, ils se faisaient pointer du doigt par les habitants qui ne sacraient jamais. Au Québec, surtout en province, jusqu'au milieu du vingtième siècle, des campagnes anti-blasphème étaient organisées. Les ainés se souviennent encore de ces images représentant le Sacré-Coeur et portant l'inscription « Ne me blasphèmez pas ». Ces pancartes étaient affichées bien en vue dans les endroits publics: bureau de poste, banque, boutique de forge, moulin à scies et surtout au magasin général qui était le rendez-vous des hommes du village. Devant cette propagande contre le sacre et le blasphème, les villageois inventèrent de nombreux jurons qui étaient des déformations de noms d'objets sacrés : batêche, bataince, bon-yeu, câlipisse, cibole, calvaisse, calvette, tabarnouche, tabarouette,viargerette. De même l'adjectif «maudit» était très grossier pour qualifier une personne parce qu'une personne maudite était repoussée par Dieu en personne. On utilisait donc des déformations comme mautadit, mausesse, maudine. Quant aux habitants qui cultivaient la terre, ils ne sacraient à peu près jamais. Ils usaient quand même de joyeux jurons qui parfois étaient des trouvailles personnelles : bondance, banal, chien de mer, torvisse, tornon, câline de binne, morue, etc.

Le quêteux

Le quêteux faisait sa tournée presque toujours aux mêmes périodes de l'année, s'arrêtant à chaque porte et demandant la charité pour l'amour du Bon Dieu.  Généralement vêtu de vieux vêtements, il transporte sa poche sur le dos et s'arme d'une canne faite d'une branche d'arbre pour se protéger des chiens peu sociables.  Il mange et dors chez les habitants; Et même certains lui ont aménagé un banc du quêteux.  Quelques fois, il dormira sur une peau de cariole ou un tapis près du poêle.  Dans certains rangs on reçoit le quêteux comme un rapporteur de ce qui se passe en dehors de la paroisse, et son hôte ira jusqu'à inviter les voisins pour une soirée.  Bon raconteur, le quêteux entretient les habitants de nombreuses nouvelles et anecdotes recueillies sur son chemin.  Le métier de quêteux était encore pratiqué dans certaines régions du Québec, dans les années quarante.

Les habits du dimanche

Jusqu'aux années 1960, le dimanche était la journée du Seigneur. Tous les habitants et les villageois devaient aller à la messe sous peine de péché mortel. Et on ne se présentait pas à l'église, habillé n'importe comment. Les hommes devaient mettre leurs habits du dimanche et les femmes devaient porter des vêtements sobres, robes à manches longues et chapeaux montés d'un voile qui descendait sur le visage. On disait des paroissiens, qu'ils étaient endimanchés. L'église était la maison de Dieu et il n'était pas question de s'y présenter en habit de tous les jours. C'eut été un manque de respect grossier. Dieu exigeait l'habit avec chemise blanche et cravate. C'est ainsi que se propagea l'expression «mettre ses habits du dimanche». Le dimanche, jour du Seigneur, on s'endimanchait pour toute la journée.

Le magasin général

Chaque paroisse avait au moins un magasin général à partir du début du 19ième siècle. Dans ce magasin, on vendait de la nourriture, des vêtements et des articles ménagers pour accommoder les habitants. Le local était entouré de tablettes étalant la marchandise et d'un grand comptoir sur lequel il y avait une balance et parfois des gros bocaux de verre contenant des friandises. Le magasin général était le rendez-vous des hommes du village qui s'y rencontraient chaque soir pour bavarder ou pour jouer aux cartes ou aux dames. Dans certains villages, le magasin général servait de salle de réunion pour le conseil municipal.

Le marchand général était considéré comme un notable de la paroisse. Il devait être financièrement capable de supporter le crédit des habitants qui n'avaient pas toujours l'argent disponible pour payer leurs achats comptant, et souvent, il devait accepter des paiements en nature (viande, sirop d'érable, bois de chauffage, etc) Dans plusieurs villages du Québec, les magasins généraux survécurent jusqu'aux années 1960 alors qu'ils furent graduellement écrasés par les grandes surfaces

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À propos de l'auteur

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Maurice Roussel est à l'origine de l'Association des Roussel d'Amérique qu'il incorpora en 1996 et administra bénévolement à titre de secrétaire-exécutif jusqu'en avril 2003 alors qu'il décidait de créer un Centre de documentation généalogique et historique sur le web.

Ce Centre de documentation qui contient la totalité des résultats de ses recherches sur les origines françaises des familles Roussel d'Amérique a été mis gratuitement à la disposition des Roussel du monde sur Internet de mai 2003 à mars 2022.

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La bénédiction paternelle×

La bénédiction paternelle chez Jos.Olivier Fournier, années 1960

Campagne anti-blasphème×

Le magasin général×

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