Le Blogue de Maurice Roussel

La mort de Geneviève Bérubé

Mis en ligne le 15 octobre 2022

Le printemps de 1766 aura été triste pour Jacques Roussel et ses enfants. En effet, le 12 avril, Geneviève, la mère, décède et est inhumée sept jours plus tard le 19 avril dans le cimetière de Rivière-Ouelle. Pourquoi a-t-on attendu sept jours pour enterrer la défunte ? J’ai cherché en vain une réponse à cette question. J’ai quand même vérifié que le 12 avril, jours du décès, était un samedi et que le 19 était le samedi suivant. Voici l’acte de sépulture :

«L’an mil sept cent soixante-six le dix neuf avril a été inhumé dans le cimetière de la rivière Ouelle le corps de Geneviève Bérubé décédée le douze du présent mois agée d’environ trente-six ans. Témoins : Augustin Dubé et Thomas Dubé qui ont déclaré ne savoir signer de ce enquis. (Bousquet, curé)»

Cet acte comporte une anomalie très importante. En effet, le nom de l'époux de Geneviève est absent. Cependant l'acte qui suit immédiatement dans le registre a attiré mon attention.

«L’an mil sept cent soixante-six le dix-neuf avril a été inhumé dans le cimetière rivière ouelle le corps d’un petit enfant qu’on dit avoir été ondoyé à la maison et décédé peu de temps après. Fils de père et mère inconnus. (Bousquet, curé)»

Dans une paroisse de quelques centaines d'habitant, l'on présente au curé un enfant mort que l'on déclare né de père et mère inconnus et qui aurait été ondoyé à la maison. Donc on devait connaître les gens qui habitaient cette maison où on a ondoyé le bébé.

D'autre part, une question se pose à savoir pourquoi Geneviève qui est décédée le 12 avril, a été enterrée un semaine plus tard, alors que la coutume était de garder les corps exposés deux jours avant la sépulture.

Se pourrait-il que les enfants morts sans avoir été baptisés officiellement, donc n’ayant pas d’identité légale, aient été considérés comme des enfants nés de parents inconnus aux fins de l’acte de sépulture ? Se pourrait-il alors que Geneviève soit morte en accouchant de cet enfant pendant une absence prolongée de son mari ? Ceci serait plausible puisque le précédent accouchement de cette femme avait eu lieu quatorze mois auparavant.

Ceci est un exemple éclatant des difficultés que rencrontrent les généalogistes ou les historiens, devant des registres d'état-civil incomplets et qui ne laissent la place qu'aux hypothèses.

Quelle que soit la cause du décès de sa femme, on peut imaginer le désarroi de Jacques Roussel qui se retrouve seul pour élever les sept enfants laissés par Geneviève et dont le cadet n’a que quatorze mois. Heureusement, l’aînée, Marie-Josephte, va bientôt avoir quatorze ans et peut s’occuper de l’ordinaire alors que sa sœur Geneviève, qui va avoir douze ans, pourra partager plusieurs tâches ménagères. Mais Jacques devra trouver une autre maman pour ses enfants et il ne sera pas facile de convaincre une jeune fille de devenir maman de sept enfants le jour de son mariage.

Bas de page



Chroniques


À propos de l'auteur

photo

Maurice Roussel est à l'origine de l'Association des Roussel d'Amérique qu'il incorpora en 1996 et administra bénévolement à titre de secrétaire-exécutif jusqu'en avril 2003 alors qu'il décidait de créer un Centre de documentation généalogique et historique sur le web.

Ce Centre de documentation qui contient la totalité des résultats de ses recherches sur les origines françaises des familles Roussel d'Amérique a été mis gratuitement à la disposition des Roussel du monde sur Internet de mai 2003 à mars 2022.

courriel