Le Blogue de Maurice Roussel

On a beaucoup parlé de Geneviève Bérubé, la première épouse de l'ancêtre Jacques Roussel, mais on sait que ce dernier, après avoir perdu sa première femme, a dû trouver une deuxième maman pour ses enfants et pour continuer à le seconder dans ses tâches de cultivateur dans la seigneurie de la Bouteillerie.

Cette femme s'appelait Geneviève-Gabrielle Émond, avait 31 ans et n'avait pas encore trouvé mari et qui pourrait sans doute se sentir attirée par le vaillant Breton de 46 ans. De fait, après plusieurs mois de veuvage, Jacques commença à lui faire de l’œil et le 7 janvier 1767, il la conduit au pied de l’autel.

Geneviève-Gabrielle était la fille d'un habitant de 65 ans, Pierre-Augustin Émond, marié à Ursule Mignot dit Labrie. Émond était un homme au caractère exécrable qui avait eu des démêlés avec tout le monde : le curé, le seigneur, les marchands, etc. En 1731, Robert Lévesque, qui exploitait une goudronnerie, l’avait mis à la porte, ne pouvant plus tolérer ses humeurs. En 1743, il avait même été condamné par le Conseil souverain à payer une amende de 3 livres à la Fabrique de la paroisse « pour avoir proféré des jurements et des blasphèmes et des insultes à la porte de l’église et pour avoir porté scandale ». Des mauvaises langues auraient même rapporté que le curé Parent qui n'était pas un ange, lui aurait même refusé la confession. Et malgré tout cela, Jacques a convaincu ce père supposément détestable à lui donner sa fille en mariage comme le démontre l'acte suivant de la paroisse de Rivière-Ouelle.

«L’an mil sept cent soixante-sept le sept janvier après avoir publié les bans selon la loye au prône de la grand messe les promesses de mariage entre Jacques Roussel veuf de dame Geneviève Bérubé et entre Geneviève Émon fille d’Augustin Émon et Dame Ursule Mignot les père et mère tous habitans de cette paroisse sans qu’on aie découvert aucun empêchement au dit mariage nous soussigné curé de la rivière Ouelle après avoir reçu leur mutuel consentement à ce mariage leur avons donné la Bénédiction nuptiale avec les cérémonies ordinaires en présence de Jean Mainville de Joseph Mainville de Jean Émon et de Charles Lévêque qui ont déclaré ne savoir signer de ce enquis. (Bosquet, curé)»

On aura compris que la progéniture de Jacques Roussel se compose de deux lignées, soit les descendants du couple Roussel-Bérubé et ceux du couple Roussel-Émond. On peut aussi évaluer que les deux branches sont à peu près égales en qantité.

La vie reprend son cours et Jacques Roussel n’attendra pas longtemps pour mettre à l’épreuve la fertilité de sa nouvelle moitié. En effet, dès le 14 octobre 1767, un premier enfant naîtra du couple. Il sera baptisé Théotiste et plusieurs autres s'ajouteront à la famille jusqu'en 1780.

En 1767 au moment où Jacques débute son deuxième ménage, il y a maintenant plus de 400 familles dans les premier et deuxième rangs de Rivière-Ouelle. Pour la plupart ils habitent dans des maisons de colons mesurant en moyenne six mètres sur huit, construites en billes équarries blanchies à la chaux. L’intérieur est divisé en deux par un foyer qui sert au chauffage et à la cuisson des repas. Les meubles consistent en une table et des bancs fabriqués à la main. Ces maisons rudimentaires sont très inconfortables en hiver parce que tout l’air ambiant est aspiré par la cheminée. Les familles passent l’hiver près de l’âtre. Les poêles sont des appareils de luxe que peu d’habitants peuvent se procurer. Le grenier sert souvent à entreposer les viandes où elles gèlent et se conservent bien. À chaque automne, chaque habitant tue une vache ou un boeuf, un ou deux cochons, des moutons, des poulets et autres volailles. Quant au poisson, on en pêche plusieurs espèces durant tout l’hiver: anguille, hareng, éperlan, capelan, etc.