Le Blogue de Maurice Roussel

Fiançailles et mariages chez nos ancêtres bretons

Mis en ligne le 15 juillet 2023

Au pays d’Évran au cours des années 1700, les gens, dans une paroisse, se connaissent tous mais on voit rarement les paysans se voisiner à l’extérieur d’un périmètre de cinq ou six lieues (25 km). C’est pourquoi les registres sont remplis de mariages entre garçons et filles de la même paroisse, sauf de rares exceptions. Les garçons et les filles se marient vers l’âge de 26 à 30 ans. On incite les filles à ne pas se marier trop jeunes afin d’avoir moins d’enfants. En somme, une seule méthode contraceptive est à leur portée: retarder le mariage. Il n’eut été question dans nos familles chrétiennes de commettre le péché de la chair avant le mariage.

Dans les familles de classe aisée, les conjoints sont choisis en fonction de leur rang social, de leur éducation et de leur fortune. Mais restons au niveau des ancêtres Rouxel, qui étaient des paysans, laboureurs, maçons, etc.

La fille de paysan va choisir son époux d’abord par l’attrait physique et chez nos ancêtres, un parti attrayant est en bonne santé et n’a pas peur du travail. Elle n’est pas tellement soucieuse de la classe de son prétendant, mais il est important qu’il soit bien vu dans le village et qu’il ait quelques biens. Surtout, le futur époux devra plaire aux parents. Généralement, les jeunes gens savent très bien quel parti plaira aux parents et ils veilleront à ne pas s’enticher d’un mauvais parti. Une relation sérieuse commence par une offrande de cadeau de la part du prétendant. Si la jeune fille l’accepte, elle signifie ainsi qu’elle aimerait fréquenter le garçon.

Dès que les amoureux sont prêts à s’engager pour la vie, ils en feront part à leurs parents puis aux gens du village, mais pas directement. Ils auront recours à un entremetteur (oncle, prêtre, cousin, etc.) qui s’assurera que les deux familles sont bien d’accord. Lorsque l’accord des deux familles sera acquis des deux chefs de familles, ces derniers se rencontreront afin d’établir les conditions matérielles du projet de mariage. Par exemple, ils feront l’évaluation des biens des futurs époux. Dans plusieurs cas, on passait chez le notaire afin de légaliser les accords conclus. Toutefois, en Bretagne, le contrat de mariage n’était pas obligatoire.

Ces accords sont suivis des fiançailles, qui constituent le premier engagement officiel et public. Cette cérémonie est très sérieuse chez nos ancêtres Rouxel. On ne peut pas rompre ses fiançailles sous peine de péché mortel. Pourtant, si une fiancée perd sa beauté par des déformations du visage ou du corps en général, le fiancé pourra mettre fin à son engagement, mais la fiancée ne serait pas libérée si de telles affections arrivaient au fiancé. Par contre, elle pourra demander au Tribunal Ecclésiastique d’être libérée si elle démontre que son fiancé est violent.

En principe, la fille qui se marie doit apporter une dot, comprenant du mobilier pour le futur ménage, des draps, du linge de maison et des vêtements. Le père de la mariée doit lui fournir sa dot, sinon ce sera la mère. S’il arrive que les deux parents soient trop pauvres, c’est un frère de la fiancée qui devra s’en charger. Si la fille n’apporte pas de dot, les fiançailles peuvent être rompues.

Le mariage aura lieu à l’église de la paroisse où réside la future épouse et aura été précédé de trois proclamations de bans au prône des grand-messes des trois dimanches précédents. Enfin, le cortège se rendra au festin où les deux familles et les villageois s’en donneront à cœur joie. Ensuite, les nouveaux mariés s’installeront dans leur demeure. Si la mariée doit aller demeurer dans la maison de ses beaux-parents, elle y sera accueillie par sa belle-mère.

Le cas des filles-mères

Malgré le déshonneur qui marquait ceux qui forniquaient avant mariage, il se trouva des femmes qui se laissèrent prendre de gré ou de force. Beaucoup de jeunes filles des métairies étaient débauchées sous la contrainte par le seigneur local, qui refusait souvent de reconnaître les enfants issus de ces rapports charnels. Les actes de naissance sont pleins d’exemples édifiants à cet égard.

Toutes les femmes célibataires qui devenaient enceintes devaient faire une déclaration de grossesse devant un juge, en vertu d’un édit sanctionné en 1556 par le roi Henri II. L’absence d’une telle déclaration pouvait avoir des conséquences malheureuses. Si l’enfant d’une mère célibataire était mort-né ou même mourait au cours de l’accouchement, la mère était accusée d’infanticide et encourait la mort par pendaison. Cette pratique ne fut supprimée qu’en 1793. Les déclarations de grossesse étaient très détaillées et racontaient en détail toutes les étapes de séduction de la fille.

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À propos de l'auteur

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Maurice Roussel est à l'origine de l'Association des Roussel d'Amérique qu'il incorpora en 1996 et administra bénévolement à titre de secrétaire-exécutif jusqu'en avril 2003 alors qu'il décidait de créer un Centre de documentation généalogique et historique sur le web.

Ce Centre de documentation qui contient la totalité des résultats de ses recherches sur les origines françaises des familles Roussel d'Amérique a été mis gratuitement à la disposition des Roussel du monde sur Internet de mai 2003 à mars 2022.

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